La plupart des freelances débutent seuls leur aventure entrepreneuriale. Le régime de la micro-entreprise, réservé aux entrepreneurs solos, séduit ainsi près de 500 000 nouvelles personnes chaque année.
Au fil du développement de leur activité, il arrive que ces freelances aient envie de monter des projets plus ambitieux, de toucher une nouvelle clientèle, ou encore d’élargir le champ de leurs compétences. Ils peuvent alors choisir de s’associer avec d’autres freelances, ponctuellement ou sur le long terme.
Travailler à plusieurs en freelance permet de mettre en commun idées et expertises. Cette synergie peut donner naissance à de jolis projets !
Attention cependant aux obstacles juridiques : il est important de bien formaliser ce partenariat entre freelances.
La micro-entreprise est le statut juridique par excellence des indépendants débutants. Il permet en effet de se lancer seul sans trop de risques.
Cependant, il peut arriver que des auto-entrepreneurs se retrouvent de temps à autre pour des projets communs. Cette situation présente néanmoins un risque non-négligeable sur le plan juridique.
Peut-être que tu fais partie d’un collectif de freelances, ou bien que tu as développé des relations amicales avec d’autres indépendants. Dans tous les cas, ton carnet d’adresses se remplit sûrement progressivement, et de nouvelles opportunités surgissent.
Si un prospect te contacte pour un projet global, tu peux avoir besoin d’inclure d’autres freelances dans l’aventure, surtout s’ils présentent des compétences complémentaires aux tiennes. Cela te permet de proposer un package complet à ton client, qui n’a pas à chercher de nouveaux prestataires. Un bon point pour toi !
Par exemple, tu es webmaster et tu interviens pour la création d’un site Internet. Ton client a également besoin de textes et d’une identité visuelle, ainsi que d’un bon référencement Google. Tu peux alors solliciter un rédacteur web, un spécialiste SEO et un graphiste de ton réseau.
Cumuler les expertises permet de décrocher des contrats plus importants, et partant plus rémunérateurs.
Dans ce cas de figure, plusieurs auto-entrepreneurs interviennent sur le même projet. Chacun gère de façon indépendante sa comptabilité. Deux solutions s’offrent à vous :
Il faut dans cette seconde hypothèse expliquer clairement au client que plusieurs freelances travaillent sur le projet, et que chacun facturera de manière indépendante. Cela peut décontenancer certains clients…
La micro-entreprise est un régime fiscal et social (très) simplifié. Les obligations déclaratives et comptables sont également considérablement assouplies.
Le Législateur fait ici un cadeau aux baby freelances. Mais à une seule condition : celle de ne pas abuser du régime. Il est ainsi interdit d’entreprendre une activité avec un autre auto-entrepreneur.
La loi et les organismes chargés d’appliquer de cette dernière se montrent particulièrement sévères sur la question.
S’il est possible de travailler ponctuellement avec d’autres freelances, cette situation doit rester très occasionnelle et bien encadrée. On te déconseille très fortement de lancer une activité avec un partenaire auto-entrepreneur, avec lequel tu partagerais matériel, carnet d’adresses, moyens de communication et clients.
Vous risqueriez dans ce cas une requalification en « société de fait ». En d’autres termes, l’URSSAF et l’administration fiscale pourraient considérer que vous formiez depuis le début une société.
Vous devriez alors payer toutes les charges sociales et impôts depuis le lancement de votre activité. Sans parler des pénalités de retard et amendes… Bref : une addition plus que salée, qui conduirait irrémédiablement à l’extinction de votre projet.
Puisque cette requalification dépend d’un faisceau d’indices (on raisonne au cas par cas), faites particulièrement attention aux modalités de votre collaboration.
Dans la mesure du possible, n’établissez pas de factures identiques (chacun applique ses prix et collabore différemment au projet), achetez vos outils et matériel séparément, évitez de trop communiquer ensemble, gardez le plus de missions solos possible, etc.
Vous pouvez avoir un site Internet commun, mais chacun doit pouvoir exercer son activité de façon indépendante, sans dépendre de l’autre.
Ne jouez pas avec le feu : on ne peut pas tout avoir !
Tu souhaites passer à la vitesse supérieure dans ton activité et t’associer officiellement avec un ou plusieurs freelances de confiance ? La création d’une société apparaît comme la prochaine étape à franchir.
Cela vous permettra de travailler à plusieurs en toute légalité et d’accélérer le développement de votre activité, tout en divisant les coûts.
Créer une société avec un ou plusieurs freelances n’est pas une décision facile. Il faudra assumer des charges sociales plus lourdes (et donc un risque financier), une gestion administrative plus complexe, ou encore la prise de décisions en collectivité (moins simple qu’il n’y paraît !).
Il est important ici de prendre son temps et de choisir avec précaution les freelances avec lesquels on souhaite s’associer. Une mauvaise association pourrait avoir des effets désastreux sur le développement de ton activité, avec moults conflits à la clé. Veille à choisir des compagnons fiables et motivés.
Le mieux est d’avoir déjà collaboré ensemble lorsque vous étiez auto-entrepreneurs. Chacun connaît les forces et faiblesses de l’autre, ainsi que sa manière de travailler. Un bon moyen de savoir si vous êtes faits pour travailler ensemble en freelance !
Une mauvaise association peut également avoir des conséquences importantes sur le plan commercial : les clients peuvent être mécontents de ton ou tes collègues, et ainsi mettre fin à vos contrats.
Une fois que la décision de créer une société est actée, il est temps de passer aux formalités juridiques de sortie de la micro-entreprise.
Première étape : le choix du statut juridique. Plutôt SARL, SAS… ? Tout dépend ici de votre situation. Le bon réflexe : consulter un expert-comptable (et non les copains freelances et l’entourage proche, qui n’y connaissent souvent pas grand-chose).
Une fois la société créée, c’est elle qui facturera en son nom propre vos clients. Plus besoin de se prendre la tête à établir chacun une facture différente. C’est plus simple pour vous… et pour vos clients.
Créer une société implique un engagement sur le long terme et de lourdes formalités administratives. Ce n’est donc pas adapté aux projets ponctuels.
Fort heureusement, il est possible de travailler à plusieurs en freelance grâce au GIE et au contrat de partenariat.
GIE signifie Groupement d’Intérêt Économique. Cette structure juridique permet de s’associer avec d’autres freelances, dans un cadre plus souple qu’en société.
Le GIE est un groupement de personnes physiques (telles que des auto-entrepreneurs) et/ou de personnes morales (sociétés, associations…). Ce n’est ni une entreprise, ni une association : c’est une forme juridique à part entière.
L’objectif : faciliter le développement économique d’entreprises. On va pour cela mettre en commun des ressources, qu’elles soient matérielles ou humaines. Les freelances partenaires peuvent ainsi se servir du GIE pour proposer une offre commune tout en partageant les coûts.
En dehors du GIE, les entreprises partenaires restent indépendantes. Elles conservent ainsi leur numéro de SIRET et leur portefeuille de clients.
Les formalités de création d’un GIE sont simplifiées, de même que son fonctionnement. La constitution d’un capital n’est par exemple pas obligatoire.
Cependant, le GIE ne présente pas que des avantages. Attention notamment aux pertes survenant lors du projet. Chacun d'entre vous devra contribuer au déficit avec ses deniers personnels.
Il est également possible de s’associer en freelance en toute légalité grâce au contrat de partenariat commercial. Cela reste plus simple que de créer un GIE, mais les contours de la collaboration sont alors plus restreints.
Ce contrat peut être signé par deux freelances ou plus. La collaboration peut être permanente ou temporaire, mais établie dans un but précis : développer ensemble des relations commerciales. Les parties au contrat mettent en commun leurs forces de travail et leurs ressources pour atteindre un objectif business.
C’est le cas par exemple des contrats d’apport d’affaires. Un freelance A apporte des contrats au freelance B, en échange d’une commission proportionnelle au chiffre d’affaires généré. C’est le contrat qui fixe les modalités et le montant de la rémunération.
Il existe donc de multiples façons de créer des partenariats entre freelances. Pour des collaborations très occasionnelles, il est possible de rester en micro-entreprise. Attention cependant aux risques juridiques associés ! Pour des projets de plus grande ampleur, ou un engagement sur le long terme, la création d’une structure juridique telle que la société ou le GIE s’avèrera souvent nécessaire.